Nous participions (en visio) à la semaine Ethics By Design 2020 en octobre dernier. Un cycle de conférences passionnantes pour faire prendre conscience du rôle central du designer pour changer les états d’esprits et les habitudes de chacun vers des comportements plus responsables.
L’événement 100 % digital a accueilli plus de 1 000 participants alors que les années précédentes, il rassemblait environ 300 personnes en moyenne. C’est une preuve supplémentaire que le sujet du Design for Good, de la responsabilité et de l’éthique dans le design sont de plus en plus d’actualité.
Les thématiques traitées étaient transdisciplinaires, puisque rappelons-le, le design touche toutes les strates de notre société. Ainsi pendant ces cinq jours, nous explorons aussi bien la conception responsable avec l’exemple de Fairphone que la politique d’innovation des grands groupes, la stratégie ou encore la sobriété numérique.
Dans cet article nous revenons sur les trois grandes thématiques qui ont retenu notre attention pendant la semaine.
La responsabilité des designers repose aujourd’hui sur la nécessaire mesure de l’impact
Nous sommes créateurs d’outils et de nouveaux usages mais nous devons voir au-delà des solutions que nous créons et mesurer l’impact que ces dernières ont sur les écosystèmes pour comprendre où faire notre part et ainsi limiter l’impact négatif de ces solutions. Tout l’enjeu réside dans notre capacité à réussir à aligner notre quête de sens avec les facteurs plus normatifs recherchés par nos clients. Il faut trouver un juste milieu !
L’approche du collectif Demain Sera nous séduit immédiatement. Ils ont conçu un scoring qui s’applique à tous les projets et qui permet aux designers de se positionner et de connaître les leviers sur lesquels travailler pour aller de l’avant. Le score se compose de cinq notes allant de 0 à 4. Le premier stade représente celui où rien ne bouge, le “business as usual” comme nous disent Nicolas Enjalbert & Pierre-Yvon Carnoy. On atteint ensuite la deuxième étape si on réussit à en parler à son manager ou à son client ; la troisième si on a monté un atelier avec notre client ou pour notre entreprise pour parler d’objectifs sociaux et environnementaux dans le cadre du design de projet ; la quatrième si on met en place un indicateur de suivi (KPI) ; la cinquième enfin si grâce à cet indicateur, on dépasse les standards. Ambitieux, mais très concret !
Mettre en oeuvre un code de déontologie du designer ?
Et si à la fin de nos études de design, on nous faisait signer un code de déontologie des designers, comme c’est le cas pour les médecins ou les avocats ? En signant ce code, nous serions reconnus comme appartenant à la grande famille des designers français, qui comme un médecin qui doit toujours apporter son aide à une personne en danger (serment d’Hippocrate), nous guidera dans nos actions. Cette charte déontologique aurait pour objectif de nous donner les bonnes valeurs, afin de définir notamment où se place la responsabilité et quand est-ce qu’on protège plus le client ou l'utilisateur.
Reste à répondre à deux questions fondamentales : qui rédige ce code ? Comment on peut s’assurer de sa mise en application ? Cette discussion a fait l’objet d’un atelier passionnant, qui nous a donné de belles perspectives pour l’avenir.
Justifier l’utilité de ce que nous créons
Concevoir n’est pas une finalité. Parfois il faut arrêter de concevoir et accepter cette fatalité parce qu’elle répond à notre quête de sens.
Designer des produits et des solutions fait partie du monde. Nous créons et nous détruisons à chaque fois que nous (re)créons. C’est pourquoi être un designer responsable suppose deux choses : premièrement justifier l’utilité de ce que nous créons et deuxièmement, réapprendre à concevoir pour plus de circularité et de réusage. Nous devons prendre en compte tout le cycle de vie du produit : avant, pendant et après mais aussi son interaction avec les systèmes qui l’entoure. C’est ce que nous mettons actuellement en place chez PALO IT grâce à différents types d'approche comme le Systemic Design dont nous a parlé Sabrina Tarquini lors de la conférence “Systemic design, a collaborative approach for systems change”, mais aussi d’autres outils qui nous permettent de cartographier les impacts en amont de la conception. L’impératif de durabilité assure un avenir qui fonctionne pour tous sans compromettre les besoins des générations futures.
On vous en dit plus très bientôt. D’ici là, si le sujet vous intéresse, discutons-en.