Comment savoir ce qui est “vert” et ce qui ne l’est pas quand on parle d’un concept aussi impalpable qu’un flux économique ? C’est le grand chantier que l’Union européenne s’est fixé en 2018 et qui a vu le jour en avril dernier sous le nom de taxonomie verte. Les entreprises européennes verront son entrée en vigueur en deux temps, fin 2021 d’abord, puis courant 2022. Mais sous cette dénomination, que se cache-t-il vraiment ?
Un classement des flux économiques en toute transparence
La taxonomie européenne est liée au plan d’action sur la finance durable de la Commission européenne - vous savez, le ‘Green Deal européen’, dont l’objectif est d’être le premier continent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
La taxonomie verte est une des principales armes de l’UE pour parvenir à cet ambitieux projet qui entend instaurer une classification des activités économiques en fonction de leurs externalités environnementales, et, en conséquence, un classement des entreprises européennes par rapport à leur impact sur le climat.
Plus concrètement, la taxonomie couvrira 70 secteurs d’activité à l’origine de 93 % des gaz à effet de serre émis sur le territoire européen. En-deçà d’un certain seuil d’émissions de CO2, une entreprise pourra être considérée comme “verte” - c’est-à-dire comme contribuant à l’évolution positive du climat ou à l’atténuation de son réchauffement. Comparable à un label mais s’appuyant sur des critères scientifiques stricts déterminés par un groupe de 35 experts, la taxonomie contribuera à davantage de transparence et permettra de définir la part verte des activités d’une entreprise, à l’abri du greenwashing.
Un outil incitatif au service de la neutralité carbone
Plusieurs conséquences sont attendues de la mise en place de cet instrument.
Premièrement, les investisseurs disposeront d’une référence commune, et pourront choisir les projets qui ont une incidence positive sur l’environnement. Il en va de même pour les consommateurs : ils pourront avoir accès au bilan carbone des entreprises et connaître la nature de leurs activités beaucoup plus facilement qu’auparavant, et orienter leurs choix de consommation en conséquence. Avec davantage d’investissements et de consommation, une ère prospère et dynamique devrait s’ouvrir pour les activités et projets “verts”.
La deuxième conséquence est que les entreprises devront s’adapter et proposer des activités et des projets responsables pour continuer à bénéficier de financements. Ce volet incitatif de la taxonomie est non-négligeable et devrait entraîner l’amélioration des processus et des business modèles par les entreprises.
Enfin, la troisième conséquence est directement liée aux deux premières. La taxonomie devrait créer une émulation collective au sein de laquelle chaque entreprise essaiera de faire mieux que ses concurrentes. Cette “course” à la durabilité devrait apporter son lot d’innovations au service de l’impact positif.
Aide à la décision des investisseurs et des consommateurs, incitation, transparence... La taxonomie européenne est un instrument de taille pour la finance durable et est en bonne voie pour devenir un exemple à l’échelle mondiale.
La recherche de solutions commence maintenant
Nous le savons, non seulement le numérique est désormais une composante essentielle à la plupart des activités, mais comme tout, il pollue. Le secteur doit donc s’employer à trouver des solutions pour faire de la Tech durable et responsable.
Pour s'adapter, les entreprises peuvent se fixer des objectifs en lien avec les Objectifs de Développement Durable de l’ONU (ODD), qui demeurent un guide essentiel pour avancer. Et d’autres cadres comme le label B Corp ou l’entreprise à mission permettent de mettre en application ces idées. Chez PALO IT, cette nécessité de “faire mieux” imprègne déjà notre vision au quotidien, et nos objectifs globaux à moyen terme : augmenter la part de notre chiffre d’affaires répondant à au moins un des ODD.
Autre nécessité d’adaptation que nous voyons pour les entreprises tech, c’est le bilan carbone. Bien que non obligatoire pour les PME, il devrait toutefois le devenir avec la CSDR et permet de connaître les périmètres les plus émissifs, en vue de les réduire. Sur l’année 2020, le bilan carbone réalisé avec notre partenaire Carbo avec qui nous nous associons aussi pour mesurer l’empreinte des projets développés chez nos clients, s’élevait à 119 tonnes de CO2 en France.
Nous ne sommes pas parfaits, et comptons bien nous améliorer. Toutefois, ce taux est 98 % moins élevé que celui d’une entreprise moyenne de la même taille et du même secteur ! Cette différence significative est la preuve que des solutions existent pour faire de la Tech plus propre et plus durable, et chaque geste compte. C’est pourquoi nous participons avec ecotree à la plantation de nouveaux arbres dans les forêts françaises. Mais nous sommes conscients que la compensation carbone demeure une solution transitoire qui n’est pas idéale sur le long terme.
Il reste du chemin à parcourir mais chacun peut, à son échelle, agir - et comme le montre aujourd’hui la taxonomie européenne, ces efforts sont directement valorisables pour l’entreprise, en plus d’être bénéfiques à l’environnement. La taxonomie verte est une belle avancée dont on peut attendre beaucoup. Si sa mise en application est à la hauteur de ce qui est prévu, la taxonomie sera sans aucun doute un bouleversement positif pour les entreprises européennes, les citoyens et l’environnement.