Le combat pour l’amélioration de la condition des femmes à travers le monde doit se faire au quotidien, et une journée dans l’année pour en prendre conscience est loin d’être suffisant. Car 80 % des femmes sont toujours confrontées au sexisme au travail. L’écart de salaire moyen entre une femme et un homme, à compétences égales, est toujours de 19 %. Et les femmes consacrent toujours une heure trente de plus que les hommes, par jour, aux tâches domestiques.
La route est encore longue, y compris de notre côté ; le but de cet article n’est donc pas de nous féliciter mais simplement de donner la parole à trois femmes très talentueuses que nous côtoyons au quotidien.
Amelia, Agnès et Lorena travaillent dans la tech depuis plusieurs années et sont respectivement UX-UI Designer, Développeuse Fullstack et Product Owner. Qui de mieux qu’elles pour prendre la parole sur le sujet des femmes dans la Tech ?
Amelia : Je m’appelle Amelia, et j’ai commencé ma carrière aux États-Unis, en tant que graphiste. J’ai découvert l’UX en 2015 et me suis lancée pleinement dans le design numérique en 2017. Je travaille en France depuis onze ans. Mon plus beau projet est probablement le projet mobilité RATP Smart System : l’installation d’une navette autonome au bois de Vincennes.
Agnès : Moi c’est Agnès. J’ai étudié les mathématiques puis la cryptographie, et j’ai commencé à développer au cours d’un stage. Je suis arrivée chez PALO IT il y a sept mois. Mon plus beau projet était un projet lié aux transactions bancaires pour l’entreprise Nickel.
Lorena : Je m’appelle Lorena et j’ai commencé ma carrière en étant responsable Marketing dans l’industrie chimique pendant dix ans. J’ai ensuite réalisé un Master Big Data et Marketing et j’ai rejoint PALO IT à Lyon en tant que Product Owner en octobre 2019. Je ne pourrais pas citer mon plus beau projet mais plutôt la catégorie de projets que je préfère : celle où l’on apprend aux niveaux humain et innovation - ce ne sont pas forcément les plus simples, mais les plus stimulants et enrichissants.
- Quels sont les avantages de vos métiers ? En tant que femmes, avez-vous déjà ressenti des différences de traitement par rapport à vos collègues masculins ?
Agnès : Le métier de développeuse offre de bonnes conditions : on accède souvent à une bonne rémunération et on peut travailler depuis où on veut. Il y a beaucoup d’opportunités et toujours des innovations à découvrir. C’est un secteur qui est en constante évolution. J’ai déjà vécu des situations difficiles dans ma vie professionnelle mais pas en tant que femme, particulièrement.
Lorena : Un des plus grands avantages à être Product Owner, c’est de pouvoir être en relation avec presque tous les métiers dans les organisations, car cela nous permet d’avoir une vision globale des projets et de répondre au plus près au besoin de l’utilisateur. Mon expérience en tant que femme dans le monde du travail n’a pas toujours été rose, notamment au début de ma carrière où j’ai été confrontée à beaucoup de remarques mysogynes. Ce n’est pas facile à vivre mais, en un sens, ces difficultés m’ont forgée. J’ai réussi à laisser ces expériences derrière moi et à voir au-delà.
Amelia : L’avantage principal que je trouve dans mon métier est le rôle grandissant des designers au sein des projets. Nous gagnons en pouvoir de décision, car notre expertise est de plus en plus reconnue. En revanche, en tant que designeuse, j’ai moi-même expérimenté la différence de traitement entre les hommes et les femmes. J’ai parfois été perçue comme une décoratrice qui aurait davantage de goût que mes collègues masculins parce que je suis une femme. Si j’avais été un homme, je n’aurais sans doute pas eu à subir ce genre de stéréotypes.
- Constatez-vous que les mentalités évoluent dans la bonne direction ?
Lorena : Oui, les mentalités évoluent en même temps que les générations. Beaucoup de personnes luttent pour l’égalité de genre et défendent le fait que les femmes puissent avoir une place dans des métiers considérés auparavant comme plus favorables aux hommes. Je suis optimiste sur le fait qu’à l’avenir, les femmes seront de plus en plus présentes dans les métiers Tech.
Agnès : Dans la Tech, j’ai l’impression qu’il y a eu une rupture il y a dix ou vingt ans. Avant, une femme n’avait pas à être la. Aujourd’hui, cela a beaucoup évolué, même si nous ne sommes toujours peu nombreuses. Je pense que l’évolution doit se faire en amont, en encourageant les femmes à entrer dans la Tech, car la vision de la science et de la Tech comme étant des milieux réservés aux hommes persiste. Les choses ont changé mais elles doivent changer encore davantage !
Amelia : Oui, petit à petit les mentalités évoluent - et heureusement. Au niveau de la société française comme dans la Tech en particulier, je trouve qu’il y a un vrai mouvement et une vraie volonté d’avoir davantage de femmes sur les projets. Les femmes sont de plus en plus respectées et prises au sérieux, même si tout n’est pas gagné, en particulier dans certains métiers.
- Selon vous, dans l’entreprise idéale, quelles mesures devraient être prises en faveur des femmes ? Que fait PALO IT pour ce sujet ?
Amelia : Selon moi, la priorité doit être donnée à la transparence, notamment sur les salaires. Les entreprises doivent être capables d’apporter les preuves de l’égalité salariale qu’elles prônent pour la plupart. Idem pour la présence de femmes à des postes de direction ; beaucoup d’entreprises revendiquent des valeurs mais n’ont aucune femme à un “haut” poste.
Lorena : Ce qui est important pour les entreprises, de mon point de vue, c’est d’avoir une culture et une démarche sincères en faveur de l’égalité des sexes. On voit beaucoup d’organisations qui disent pratiquer la parité alors que ce n’est qu’une image. Les femmes sont certes « placées » mais si elles ne sont pas écoutées, elles ne sont là que pour remplir un quota. PALO IT participe à plusieurs niveaux à des discussions sur l’avenir des femmes dans la Tech. À Lyon par exemple, nous sommes engagés dans des groupes de réflexion sur ces sujets et nous intervenons dans les collèges pour sensibiliser les jeunes filles à nos métiers.
Agnès : Si l’on veut qu’il n’y ait aucune distinction entre les hommes et les femmes, je ne suis pas sûre que les entreprises doivent prendre des mesures pour les femmes en particulier. Néanmoins, je trouve quelques pistes intéressantes : pourquoi pas mettre en place un congé menstruel pour les femmes qui sont en difficulté pendant cette période, ou encore envisager la distribution gratuite de protections hygiéniques. À mes yeux, PALO IT ne fait rien de spécial pour les femmes. Mais il n’y a pas à faire quoi que ce soit tant que les hommes et les femmes sont traités de manière équitable.
- Avez-vous le sentiment qu’être une femme a été un frein à votre carrière ?
Amelia : Je ne suis pas consciente d’un frein manifeste, mais je me doute qu’il a pu y avoir par moments un frein systémique, souterrain, qui m’a découragée d’oser davantage.
Agnès : Non, je n’ai heureusement jamais eu ce sentiment.
Lorena : Non. Je crois beaucoup à la complémentarité des profils, des genres et des cultures. Je suis convaincue que les hommes et les femmes ne sont pas en compétition et j’ai eu la chance de rencontrer des personnes réceptives à ces idées, avec qui le travail s’est toujours bien déroulé.
Le combat continue donc, et une journée par an ne saurait suffire à réduire les inégalités femme-homme.